Peut-être, dans quelques années, ne retiendra-t-on de l’année 2017 que cette onde de choc, née de l’affaire Weinstein, qui déclencha une cascade de révélations et de dénonciations sur les violences sexuelles faites aux femmes notamment dans le monde du spectacle, des médias ou de la politique… Dans de nombreux pays, les femmes sortaient de leur silence, révélant l’ampleur des inégalités entre hommes et femmes.
Au même moment, sortait sur les écrans le film Les Gardiennes de Xavier Beauvois, le réalisateur heureux Des hommes et des dieux. L’action se déroule durant la Première guerre mondiale à la ferme du Paridier dans le Limousin. Les hommes sont au front ; les femmes font marcher les fermes. Vaillantes face à la dureté de la tâche, elles luttent contre les pénuries, notamment de main d’œuvre. Hortense, la doyenne du Paridier, jouée par Nathalie Baye, décide d’engager une jeune fille de l’assistance publique pour les seconder, elle et sa fille. Tout se passe harmonieusement bien au gré des saisons et des tâches sans relâche, des permissions des hommes et de l’annonce d’une tragique nouvelle venue du front, des échanges de lettres et des visites de soldats américains en garnison dans le coin. La cruauté de la guerre n’a pas éteint le désir. L’émancipation féminine se traduit également par une certaine modernité dans l’exploitation avec l’achat d’une moissonneuse-lieuse puis d’un tracteur. Mais l’ordre féminin sera vite perturbé par le souci de préserver la cellule familiale et le patrimoine au prix d’une cruelle injustice faite à la servante qui n’a pourtant pas démérité. L’ordre social (masculin ?) reprenait inexorablement le dessus. Dans la réalité, dès la fin de la guerre, le patriarcat reprendra ses droits.
Nul ne sait si, un siècle plus tard, l’onde de choc de l’affaire Weinstein sera vite oubliée parmi l’abondance de nouvelles ou s’il va s’opérer une révolution dans les relations entre hommes et femmes. Seul l’avenir le dira !