Dans ce contexte de mondialisation, où le global l’emporte sur le local et où les réseaux ont pris l’ascendant sur les liens de proximité, différents scrutins, à contre-courant de ces évolutions, montrent l’importance des fractures territoriales. Ce fut notamment le cas du Brexit, avec Londres et sa City, très favorables au maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne face aux villes désindustrialisées et aux zones rurales très Brexit. Lors de la présidentielle américaine, Donald Trump a construit sa victoire dans les Etats ruraux et désindustrialisés alors qu’Hillary Clinton dominait son adversaire dans les métropoles des côtes Ouest et Est. Ce constat, on le retrouve, dans une moindre mesure, dans la primaire de la droite et du centre où le succès de François Fillon, archétype de la France provinciale, (même s’il est député de Paris !), apparaît comme l’antidote de l’esprit « bobo » des grandes métropoles. Jamais donc les fractures territoriales n’ont été aussi fortes qu’aujourd’hui, même si le phénomène n’est pas nouveau.
Depuis le Moyen-Age, les villes ont pris l’ascendant sur les campagnes. Depuis les Lumières, la science a privilégié les lois universelles aux adaptations locales. Depuis la fin des trente glorieuses, la politique d’aménagement du territoire a été négligée. Aujourd’hui, les grandes métropoles sont les seules à tirer leur épingle du jeu, alors que les inégalités se creusent avec le reste du territoire. Inégalités renforcées par la crise des finances publiques qui a mis à mal les mécanismes de compensation en faveur des territoires les plus fragiles.
Les fractures sociales qui avaient dominé les joutes électorales passées deviennent donc de plus en plus des fractures territoriales. L’enjeu d’harmoniser mieux nos territoires devient essentiel, même si les choix effectués par les électeurs n’apportent pas vraiment de réponses, si ce n’est celui d’un libéralisme un peu plus débridé, qui, au contraire, risque d’accentuer encore ces fractures territoriales et sociales.