Alep et Mossoul, le 14 juillet à Nice et le marché de Noël de Berlin, la Turquie d’Erdogan et ses dérives, l’Amérique de Trump et la Russie de Poutine qui inquiètent, l’Europe en panne, engourdie et frileuse, repliée sur elle-même… Le temps du Nouvel An est l’occasion de tirer des bilans. Et 2016 nous laisse cette impression d’un monde d’une violence extrême beaucoup plus radicale qu’auparavant. Et pourtant !
Invité de la matinale de France Inter avant Noël, l’astrophysicien Hubert Reeves rappelait que sous l’Empire romain, la probabilité de mourir de façon violente était cinquante fois plus élevée qu’aujourd’hui. Le philosophe Michel Serres dans son dernier livre Darwin, Bonaparte et la Samaritaine, une philosophie de l’histoire dit à peu près la même chose. Pour Michel Serres, nous sommes sortis de ce temps de guerre perpétuelle. Le philosophe estime qu’entre le deuxième millénaire avant Jésus-Christ et Hiroshima, les temps de paix ont été rares : 9 %, alors que depuis, en un demi-siècle, nous avons gagné vingt ans d’espérance de vie. Michel Serres comme Hubert Reeves, tous deux nés avant la Seconde guerre mondiale, ont vécu le temps ancien, où le rapport à la mort, le rapport à la violence a changé. Aujourd’hui nous vivons dans l’instant présent, sans regard sur le tragique de l’Histoire. Songeons que la journée la plus terrible durant la Première guerre mondiale a vu mourir 28 000 de nos poilus !
Chaque mort est une tragédie et chaque mort violente l’est encore plus, mais osons le regard sur le passé comme nous y invitent Michel Serres et Hubert Reeves. Dans la masse des mauvaises nouvelles qui nous assaillent chaque jour, c’est une petite dose d’espérance. « J’ai une âme sculptée par la vie et par la paix », répète volontiers Michel Serres. C’est ce que je souhaite à chacun pour 2017.