Tel est le titre d’un livre publié en 1991 et écrit par Louis Costel, prêtre normand et écrivain régionaliste décédé en 2002, qui s’inquiétait de ce temps qui lui semblait proche, où « les clochers apparaîtraient comme de simples bornes commémoratives ». Dans la paroisse où je vis, dans le sud de l’Aisne, la population d’environ 4 000 habitants est répartie sur 17 villages dont deux bourgs plus importants, où alternaient les messes dominicales. Depuis quelques mois, le diocèse a décidé qu’il n’y aurait plus qu’un seul lieu pour la messe dominicale, à la manière dont l’administration décide de fermer certains services publics. Comme d’autres régions rurales, cette zone est devenue un désert spirituel. D’ailleurs, il y a quelques années, un évêque avait eu ce propos sans nuances : « Ce ne sont pas des terres à rechristianiser mais à christianiser ». Ce contexte ne facilite pas le travail de prêtres venus du Bénin.
Plus généralement, il semble qu’au sein des autorités ecclésiastiques on mette l’accent sur l’évangélisation des villes. A la tête de diocèses, bon nombre d’évêques, souvent issus du monde urbain, méconnaissent parfois les spécificités du monde rural. Ils ont par ailleurs reçu une formation plus orientée sur la spiritualité que sur l’action pastorale. A cela s’ajoute une administration par trop cléricale qui déstabilise à la fois ceux (ou plutôt celles, car il s’agit surtout de femmes) qui sont engagés dans les services ecclésiaux, et ceux se situant en périphérie de l’Eglise et qui ne s’y retrouvent pas vraiment. Pourtant l’Eglise aura de plus en plus besoin de laïcs pour pallier au manque de prêtres ! Si bien que, dans certains diocèses, on peut constater cette forme de repli de l’Eglise sur elle-même, à contre-courant de la parole du pape François qui prône la construction de ponts plutôt que de murs…