Je ne sais pas si vous partagez cette impression, mais je trouve qu’en cette saison le coquelicot revient en force sur les talus, aux abords des routes, voire dans les champs. Le coquelicot, symbole de la fleur sauvage, rappelle un temps que les moins de 50 ans ne connaissent pas. Un temps où le coquelicot, très présent partout, avait aussi une certaine aura médiatique. Les plus anciens d’entre nous se souviennent de cette émission de télé du journaliste François Henri de Virieu qui avait pour titre Adieu coquelicots.
Le documentaire, tourné en 1970 dans l’Aveyron, à Noyès, village de Raymond Lacombe, et dans l’Isère autour du GAEC Rebotton, ferme laitière de 500 vaches, l’une des premières à importer des vaches Holstein des Etats-Unis, analysait le passage d’une agriculture traditionnelle à une agriculture moderne, avant de laisser place au débat. Le décor est sobre, l’écran est noir et blanc, le studio est envahi par les fumées de cigarettes. Autour du présentateur, le doyen Georges Vedel, un juriste, qui vient de remettre un rapport sur l’avenir de l’agriculture, le sociologue Henri Mendras qui vient de publier La fin des paysans, un agriculteur en GAEC et un représentant de la CFDT salariés agricoles. A Bruxelles en duplex, Sicco Mansholt, le vice-président de la Commission européenne, et Jacques Duhamel, le ministre de l’Agriculture, et, à Lyon, trois anciens de la JAC qui auront des parcours syndicaux et politiques différents : Michel Debatisse, Raymond Lacombe et Bernard Lambert.
L’introduction de l’animateur évoquant le coût exorbitant de l’agriculture met le feu aux poudres. Michel Debatisse quitte brutalement l’émission. Déjà la télé se veut clivante ! Surtout le futur animateur de l’émission politique phare des années 1980 – 1990 L’heure de vérité est alors loin d’imaginer, cinquante ans plus tard, le retour des coquelicots. Signe de l’importance prise depuis par les questions environnementales, et notamment la biodiversité. C’était, il est vrai, un autre monde et un autre temps !