Déclassement…

Comme ce fut le cas en Seine-Saint-Denis en 2010 et dans le Lot-et-Garonne en 2017, le Conseil départemental de l’Aisne vient de voter un budget déséquilibré. Il manque 22,5 millions d’euros. Certes la procédure est contraire aux règles de la comptabilité publique, mais notons que l’Etat impose aux collectivités territoriales des règles qu’il s’exonère ! Les édiles de l’Aisne estiment qu’en 2025, ils ne seront plus en mesure d’assurer certaines politiques d’accompagnement des initiatives locales ou de partenariat avec des acteurs sociaux. Ainsi, au niveau agricole, le Conseil départemental soutient la modernisation des bâtiments d’élevage, le développement des circuits courts ou les associations d’aide aux agriculteurs en difficultés… Nous n’en sommes pas encore là, mais le 24 juin, le département pourrait être mis sous la tutelle du préfet.

En fait, comme nombre de départements pauvres, l’Aisne qui consacre 71 % de son budget au social (contre 60 % en moyenne nationale), depuis que l’Etat a, en 2008, délégué aux départements les dépenses de solidarité (RSA, handicap, dépendance…), voit ses dépenses croître. Certes l’Etat verse une dotation mais sur la base des données de 2008. Or depuis la précarité s’est singulièrement accrue. Qui plus est les droits de mutation à titre onéreux, l’une des sources de financement des départements, ont pâti de la baisse du marché de l’immobilier. C’est le cas de l’Aisne qui figure parmi les départements les plus pauvres avec un taux de chômage de 10,6 % et un taux d’illettrisme le plus élevé de France métropolitaine… Les tests effectués lors des journées Défense et Citoyenneté (2019) ont montré que 18 % des jeunes Axonais présentaient des difficultés importantes de lecture (6 points de plus que la moyenne nationale). Un paradoxe au pays de Racine, La Fontaine, Dumas, Claudel et de la Cité de la langue française. Dans ce contexte, il n’est pas vraiment surprenant, que l’Aisne soit le seul département où le Rassemblement national ait franchi la barre des 50 % aux élections européennes.