Tout journaliste pourra vous le confirmer. Il est difficile en temps normal de « vendre » des sujets agricoles dans la presse généraliste. L’exception, c’est la semaine du salon de l’agriculture où tous les médias traitent abondamment des choses de l’agriculture, chacun à sa manière. Exemples à travers la radio, le jour de l’ouverture du salon. Ce samedi-là, je suis réveillé par Bernard Poirette, aux commandes de la matinale de RTL, avec les deux journalistes spécialistes de l’agriculture, Virginie Garin et Anne Le Hénaff, qui mettent en valeur les produits, les hommes, les terroirs à travers une cinquantaine de reportages et chroniques. C’est sérieux, bien fait, sans prétention. A l’heure du déjeuner sur Europe 1, l’émission Les grandes voix est elle aussi présentée en direct de la Porte de Versailles. Michèle Cotta, Robert Nahmias, Gérard Carreyrou et Philippe Gildas y polémiquent sur la politique et tout autre sujet, en l’occurrence cette semaine-là d’agriculture. Ils ont un avis sur tout et pas toujours l’humilité de reconnaître qu’ils n’y connaissent pas grand-chose. Leurs façons de traiter l’agriculture illustrent bien la vision souvent caricaturale des élites, entre dédain à la manière de Michèle Cotta, avouant qu’elle aime les animaux mais déteste la campagne, et leçons d’ultralibéralisme comme si l’on produisait de la viande comme des savonnettes. Je zappe à nouveau pour écouter la différence sur France Inter, avec l’émission de Denis Cheissoux, CO2 mon amour, qui défriche chaque semaine les choses de la nature et de l’environnement. Les agronomes présents y traitent avec intelligence d’agricultures familiales, de prairies qui stockent le carbone, de circuits courts, et de reterritorialisation de l’agriculture… Trois émissions, trois radios, trois façons de traiter d’agriculture, le temps d’un salon. A l’an prochain, d’ici là l’agriculture sera réduite à la portion congrue, sauf en cas de crise !