Depuis 2008, les banques européennes sont au cœur des différentes crises financières qui minent le Vieux Continent. D’abord touchées par les subprimes, elles sont aujourd’hui fragilisées par l’endettement des États dont elles détiennent beaucoup de titres de dettes. D’où un manque de confiance des investisseurs, notamment américains, et bien des difficultés pour trouver de quoi financer leurs activités. Ce qui se traduit par moins de prêts alors que la croissance est atone. Si bien qu’à l’automne dernier la Banque Centrale Européenne a dû leur prêter 1 000 milliards d’euros à 1 % pour les aider à se financer… Sans parler d’investissements osés dans des zones à risque !
La crise grecque touche en particulier le Crédit agricole qui est la banque européenne la plus exposée depuis l’acquisition en 2007 d’Emporiki (la 5ème banque grecque). Cet investissement lui a déjà coûté 7 milliards d’euros et pourrait bien lui coûter beaucoup plus au cas où la Grèce devrait sortir de l’euro. L’action de Crédit agricole SA est tombée à moins de 3 € ces derniers jours alors qu’elle cotait 32 € en 2007. Le 22 mai dernier, réunis au Carrousel du Louvre, les actionnaires de Crédit agricole SA ont manifesté leur inquiétude malgré les propos rassurants des dirigeants du groupe ou du gouverneur de la Banque de France qui rappelait qu’aucune société financière française ne courrait de danger si la Grèce devait faire défaut… pas même le Crédit agricole. Quoi qu’il en soit les Caisses régionales qui détiennent 55 % du capital de Crédit agricole SA devront mettre la main à la poche.
Cette crise met en évidence le caractère bicéphale de la banque verte, avec un secteur mutualiste, les caisses régionales, premier partenaire de l’économie française, ancré dans le local, et un secteur libéral, Crédit agricole SA, côté en Bourse, orienté sur les marchés, et éloigné du mutualisme et de la solidarité des origines. Valeurs qui semblent désormais d’un autre temps ?