Un sondage (1) réalisé par l’IFOP dans dix pays et publié la semaine dernière par La Croix montre que les Français ne prisent guère la mondialisation. Ils ne sont que 15 % à considérer que l’économie de marché fonctionne plutôt bien, contre 65 % de Chinois et 57 % de Brésiliens. De même, ils ne sont que 34 % à juger que la position de leur pays dans la compétitivité économique mondiale est plutôt bien placée. Un pessimisme qui tranche avec le fait que la France est la championne d’Europe de la natalité, ce qui témoigne d’une certaine confiance en l’avenir. Nos compatriotes, qu’on dit frileux car attachés à une tradition jacobine, auraient-ils du mal à accepter que la France soit devenue une puissance moyenne ?
Il y a quelques années, Philippe Séguin, – décédé l’an passé -, et qui était l’un des rares hommes politiques en France à avoir réfléchi à la mondialisation et à ses conséquences, déclarait que le libre échange « n’a de sens que s’il ne se confond pas avec le chacun pour soi, la fin de tout projet collectif » et prônait face à la globalisation une réhabilitation du politique. Or c’est là sans doute qu’est le problème. Dans la majorité comme dans l’opposition, qui propose un projet pour répondre à ce remodelage complet de la planète ? Un temps, la construction européenne est apparue comme un vrai projet politique. Ce n’est plus le cas désormais. On moque nos amis belges, sans gouvernement depuis plusieurs mois, ou plutôt avec un gouvernement transitoire qui gère le quotidien. Au fond la Belgique n’est-elle pas que la caricature d’une forme de gouvernance très répandue sur le vieux continent et incapable de fixer le cap. « Le système politique et les institutions sont débordés par la complexité qu’ils doivent affronter », semble justifier Klaus Schwab, le fondateur du Forum économique mondial qui vient de se tenir dans la petite station suisse de Davos. « Gouverner c’est prévoir », avait dit un président de la République, mais c’était il y a plus de trois décennies … Une éternité !
(1) Sondage effectué entre le 8 et le 23 décembre 2010 auprès d’un échantillon représentatif de 600 à 607 personnes de plus de 18 ans, dans chacun des dix pays, suivant la méthode des quotas.