Pour la première fois, une autorité de l’État, en l’occurrence le médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye – mais, après tout, c’est son job ! – a récemment tapé du poing sur la table à propos des serveurs vocaux. Pour des raisons de baisse des charges, de compétitivité et de concurrence, la plupart des organismes publics, des sociétés de services ont remplacé leur standard par ces « robocops ». C’est la modernité, dit-on ! Mais si ces sociétés ont gagné en compétitivité, la Société a perdu en humanité… Car qui ne s’est pas pris la tête en tentant de joindre un interlocuteur, à vous rendre particulièrement désagréable une belle journée d’été. Il y a quelques semaines, j’ai passé plus de 45 minutes à tenter de joindre un interlocuteur, (un vrai), de ma caisse locale de Crédit agricole, qui puisse répondre à ma question. Je ne me retrouvais pas dans les choix proposés par la voix féminine sur le serveur : « tapez 1 pour tel service, tapez 2 pour tel autre… » J’étais prêt à balancer mon téléphone par la fenêtre, lorsqu’enfin, miraculeusement, j’ai eu un interlocuteur. Sur le ton de la confidentialité, il m’a donné ce tuyau : « tapez 3 pour être sûr d’avoir quelqu’un ». Mais il faut prendre son mal en patience et attendre parfois un quart d’heure. Il fût un temps – il y a une quinzaine d’années ! -, où le courtier du Crédit agricole ou des assurances rendaient régulièrement visite aux clients.
Tenez, en parlant de lien social, le week-end dernier, c’était la fête patronale dans mon village. Là aussi, le lien social se délite à grande vitesse. Très peu de familles récemment installées participent vraiment aux activités du village. Peu de liens se nouent entre anciens et nouveaux. En regardant la liste des abonnés au téléphone de mon village sur le bottin, je me suis rendu compte que j’étais incapable de mettre un visage sur une moitié des noms des habitants du village. Et pourtant, il n’y a pas trois cents habitants… Décidément, tout fout le camp !