Messagères du printemps après un si long et rude hiver, les hirondelles sont de retour. De quoi mettre du baume au cœur des hommes tant nous partageons avec elles une très vieille histoire ! L’hirondelle a cohabité avec l’homme des cavernes, puis a suivi le paysan pour nicher dans les granges. Précieux auxiliaire du paysan, se nourrissant d’insectes volants, l’hirondelle est aussi un indicateur de la qualité de notre environnement et du temps qu’il va faire. « Hirondelle volant haut, le temps sera beau, hirondelle volant bas, bientôt il pleuvra », prédit le dicton. Et comment ne pas s’émerveiller de son élégance, de ce « corps top model habillé de vent » que chantait Claude Nougaro, de sa fidélité avec ce retour chaque année au même nid, de son courage (1 100 allers et retours pour construire le nid), de son sens de la famille (200 navettes quotidiennes pour procurer de la nourriture à sa progéniture) ? Et puis cette migration parfois périlleuse, chaque automne, pour se refaire une santé entre Sahara et Sahel. Migrations qu’on ne découvrira qu’à la fin du XVIIIème siècle. Jusqu’alors les hommes pensaient que les hirondelles hibernaient sous l’eau, enfouies dans la vase. Et puis comment ne pas s’enthousiasmer de cette solidarité, dont témoigne l’entomologiste Jean Henri Fabre, lorsqu’une hirondelle enlacée dans quelques fils, appela au secours ses congénères qui la délivrèrent tout en concluant cette belle action par de chaleureux gazouillements ?
Nos sociétés humaines ont beaucoup à apprendre de la société des hirondelles. Récemment le médiateur de la République déplorait une société française « fatiguée psychiquement », où le « chacun pour soi » l’emportait sur « les espérances collectives ». Tableau sombre que confirmait l’important taux d’abstention lors des Régionales. « Bonjour, bonjour les hirondelles, y a d’la joie », chantait Charles Trénet… Peut-être juste un peu de baume au cœur ! C’est déjà pas mal.