Après le choc des quotas au milieu des années 80, le paysage laitier français pourrait bien être encore plus bouleversé dès la fin de cette année. En effet le programme de maîtrise des pollutions d’origine agricole arrive en fin de processus le 31 décembre prochain. A cette date, les éleveurs devront avoir réalisé et réceptionné tous les travaux de mise aux normes de leurs installations d’élevage concernant la maîtrise des effluents, le stockage et l’épandage.
Si louables soient les objectifs au départ, – il s’agit de limiter les pollutions de l’eau générées par les activités d’élevage -, ce processus risque bien de générer des effets contraires aux prétentions affichées. Car ces mesures vont inéluctablement entraîner une industrialisation du secteur et une concentration de la production dans certaines exploitations et régions. Processus déjà bien entamé, me dira-t-on, car il est bien loin le temps où l’on produisait de tout partout.
Dans ma région, le sud de l’Aisne, c’est entre le quart et le tiers du cheptel laitier qui va disparaître. Dans le canton de Neuilly-Saint-Front ne subsistera qu’une seule exploitation laitière. La coopérative locale se pose la question de la pérennité de son outil de production et prospecte en Belgique. Dans bien des régions, ce sera donc moins de richesses créées, moins d’emplois. Il faudra faire venir le lait d’ailleurs, voire de l’étranger, avec tous les effets négatifs en terme d’environnement. Qui plus est, ce sont souvent les exploitations les plus soucieuses de l’environnement qui vont disparaître.
Quant à ceux qui ont investi dans la mise aux normes, ils s’inquiètent à juste titre, avec un prix du lait si misérable qu’il ne permet pas de faire face aux investissements. A moins que, dès l’an prochain, les cours ne s’enflamment du fait de la pénurie !