La veille de Noël, le botaniste Jean-Marie Pelt s’en est allé. Comme beaucoup, j’avais été émerveillé par les vingt-six épisodes de L’aventure des plantes, une série, diffusée dans les années 1980, dans laquelle il nous sensibilisait à la magie des plantes et au respect de la nature. Car cet universitaire pharmacologue, botaniste, auteur d’une soixantaine d’ouvrages, était aussi un pédagogue hors-pair. Petit-fils d’un jardinier, il avait enseigné la pharmacognosie et la physiologie végétale à l’Université, la botanique à l’Institut européen d’écologie (qu’il avait fondé), et l’écologie à l’Ecole de Bruges. Il était également un homme de radio, aussi à l’aise aux Grosses Têtes de Philippe Bouvard qu’à CO2 mon amour de Denis Cheissoux sur France Inter, où il défendait, non sans humour, sa passion de la nature. Jean-Marie Pelt était un savant, de cette lignée de botanistes que furent Alexander Von Humboldt, les frères Jussieu, Jean Rostand ou Théodore Monod, dont il avait écrit de magnifiques portraits.
C’était un homme engagé, humaniste et fervent chrétien, pionnier de l’écologie, proche de Corinne Lepage et de Pierre Rabhi, défenseur d’une agriculture respectueuse de l’environnement et opposant aux OGM. Européen convaincu, ce Lorrain, attaché à ses racines, avait été le collaborateur de Robert Schuman, l’un des pères de l’Europe, qu’il avait accompagné à la fin de sa vie. Il sera ensuite l’adjoint de Jean-Marie Rausch à la mairie de Metz, ville dans laquelle il avait développé les espaces verts. Il fut avec Jean Bastaire, philosophe spécialiste de François d’Assise, l’un des catholiques qui ont sensibilisé l’Eglise à l’écologie. « Je me sens responsable de ma communauté, disait-il pour expliquer ses engagements, la communauté humaine, pour la petite part que j’y occupe ; et aussi de l’ensemble de la création. Et tout cela est relié par le dedans, l’intérieur, l’intériorité. » Il avait titré son livre de mémoire « Le Jardin de l’âme ».