Pour flatter le peuple, les empereurs romains proposaient du pain et des jeux. On n’a guère évolué depuis, lorsque l’on voit nos gouvernants « liquider » notre patrimoine au profit des jeux du stade. Après les Serres d’Auteuil, qui pourraient faire les frais de l’agrandissement de Roland Garros, c’est le domaine de Grignon que convoite le PSG pour en faire son centre d’entraînement (18 terrains de foot, un stade 5 000 places…). Grignon, c’est près de deux siècles d’agriculture, depuis qu’en 1826, Charles X fit l’acquisition de ce château du XVIIème pour en faire l’Institut royal agronomique, la plus ancienne école d’agronomie existante. Oasis de verdure de 500 hectares dans une région qui s’urbanise, Grignon, c’est aussi une ferme modèle (avec 180 vaches et 550 brebis), qui commercialise ses produits directement et s’adapte aux nouvelles contraintes énergétiques et environnementales. En ces temps de rigueur budgétaire, la tentation est forte pour l’Etat de se débarrasser de ce patrimoine. Comment résister aux arguments sonnants et trébuchants des Qataris, propriétaire du PSG ? Qui plus est l’opinion publique se passionne plus pour les exploits d’Ibrahimovic que de culture agronomique. Une vision à court terme que pourraient nous reprocher les générations futures ! En effet, pourquoi ne pas faire de ce lieu emblématique un Centre international de recherche et d’expérimentation pour la sauvegarde de la planète, l’alimentation et le bien-vivre de ses habitants, dans l’esprit de la COP21, comme le préconise une pétition (1), ou un centre culturel autour de l’agriculture, du vivant et de l’environnement. Après tout, le château de Grignon accueille les archives de René Dumont et de René Dubos ainsi que des trésors iconographiques. Mais voilà, pas très « sexy » ces projets, comme on dit aujourd’hui. Le pain assuré (quoique !), il ne reste que les jeux du stade, pour flatter le peuple ! C’est sans doute vrai pour le Qatar, je crains que ce ne le soit aussi un peu pour la France !
(1) Pyrene M, via Avaz.org