J’aime l’Afrique, ses paysages et ses déserts, ses marchés multicolores de fruits tropicaux et d’épices, ses arbres à palabres, souvent des baobabs, où, le soir, à la fraîcheur tombante, l’on se réunit pour refaire le monde. J’aime les Africains, leur sens de la famille, du partage, de l’hospitalité et de la solidarité, le respect dû aux plus anciens, le courage et l’élégance des femmes, le sourire et la joie de vivre des enfants et, bien sûr, l’accueil qui y est toujours incroyablement chaleureux. Tellement chaleureux que l’on se sent parfois gêné, quand les plus humbles vous accueillent à leur table et vous offrent le meilleur de ce qu’ils ont. Alors j’imagine le choc culturel quand un prêtre venu d’Afrique ou d’ailleurs débarque dans nos contrées, à la sociabilité différente, avec des églises souvent désertées, des paroissiens parfois exigeants, le climat rude, les courtes journées (ou les longues soirées) d’hiver…
Force est de constater que les plus chaleureux d’entre nous sont loin d’être à la hauteur de l’accueil tel qu’il est pratiqué en Afrique. Sans parler de certaines remarques désobligeantes voire mesquines ou encore l’expression d’un sentiment de supériorité, d’ailleurs plus du ressort de la maladresse que de la volonté de nuire. Et parfois nos exigences quant à la disponibilité du prêtre !
Imaginons un instant l’emploi du temps de ces prêtres en charge jusqu’à une quarantaine de clochers, avec, chaque semaine beaucoup de kilomètres à parcourir, trois ou quatre messes le week-end, dans des villages où, parfois, l’on compte les participants sur les doigts des deux mains quand ce n’est pas d’une seule main, les demandes des uns et des autres, le tout après une semaine de cours intensifs dans une université où il faut souvent travailler tard dans la nuit pour rendre un devoir le lendemain ou écrire son mémoire. D’ailleurs la possibilité qu’ils ont de pouvoir suivre une formation universitaire durant les trois dernières années de leur présence parmi nous n’est qu’une modeste contribution à ce qu’ils nous apportent, pour rendre l’échange un peu plus équitable.
Avant toutes choses, ne devrions-nous pas nous réjouir d’avoir un prêtre ? Car, sans ces prêtres venus d’Afrique, nous n’aurions sans doute plus de messes dominicales dans bon nombre de nos paroisses rurales.
Et puis, réjouissons-nous de cette chance qui nous est offerte, de cheminer dans une foi commune et partagée avec des origines, des cultures et des cheminements parfois différents, dans cette découverte de l’autre et cette richesse de l’échange.
Sachons en profiter !