Le concept de revenu universel, permettant de protéger contre les aléas de la vie en offrant aux personnes défavorisées la protection d’un revenu de base, a marqué les débats de la primaire socialiste. Cette idée qui traverse les clivages idéologiques, n’est pas nouvelle : de Thomas More, qui imaginait à l’époque de la Renaissance, dans L’Utopie, une île où chacun disposerait des moyens de subsistance sans dépendre de son travail, à l’économiste libéral Milton Friedman qui défendait l’idée d’un revenu de base en jouant sur l’impôt, en passant par Martin Luther King et Bertrand Russel… Dans les temps plus anciens cette idée fut souvent liée à la répartition de la terre et de ses fruits. Sous l’Empire romain, le service de l’annonce permettait aux seuls citoyens romains de recevoir gratuitement le blé et le vin nécessaires pour leur subsistance. En 1797, Thomas Paine, un intellectuel britannique qui considérait que la terre, bien indivis donné aux hommes, avait été « accaparée » par les grands propriétaires, proposait que ces derniers versent une redevance à tous ceux qui ne bénéficiaient pas de cet héritage naturel. Quant à Napoléon III, il proposait dans un livre publié en 1844 L’extinction du paupérisme, que l’Etat rachète les terres en friche pour les allouer aux pauvres.
Dans des situations difficiles que connaissent aujourd’hui bon nombre d’agriculteurs, – un tiers des producteurs laitiers toucheraient moins de 350 € par mois -, l’idée d’un revenu de base permettrait d’envisager l’avenir de façon moins traumatisante. De même pour les commerçants en milieu rural qui jouent parfois un rôle de service public. Reste à régler l’épineuse question du financement ! Dans un monde où les inégalités ne cessent de grandir, – en France, selon Oxfam, les 21 personnes les plus riches possèderaient autant que les 40 % les plus pauvres de la population -, le débat mérite d’être engagé.