Malgré une méthode brouillonne et confuse, il aura fallu moins de trois mois pour faire adopter par l’Assemblée nationale la réforme territoriale. Il avait fallu six mois aux révolutionnaires soucieux d’égalité des territoires et d’unité nationale pour, en 1790, mettre fin aux particularismes provinciaux de l’Ancien Régime et promouvoir le département. Leur tracé s’est fait sans trop se préoccuper de géographie, d’histoire ou de traditions culturelles, de manière arbitraire mais certes moins expéditive que le projet du géographe Robert de Hesseln qui avait proposé en 1780 un découpage purement géométrique de l’Hexagone en 80 carrés de 18 lieux de côté, eux-mêmes divisés en 9 districts, puis 9 cantons. Dans ce pays de tradition jacobine, le département était avant tout conçu comme une fraction d’un territoire unitaire. Pourtant, très vite, il ne semble plus adapté au contexte de l’époque alors que renaît le sentiment régionaliste. En 1864, Frédéric Le Play propose la création de treize provinces pour corriger les déséquilibres liés au développement des villes. Après la Première Guerre mondiale, Etienne Clémentel souhaite réorganiser le territoire en vingt régions autour des chambres de commerce. Puis Pétain prône la renaissance provinciale. Malgré tout le département résiste dans une économie avant tout terrienne, où le comice agricole est souvent l’événement majeur. Il faudra attendre les années 1955-1956 pour voir la création des programmes d’action régionale. La régionalisation est lancée malgré l’échec du référendum du général de Gaulle en 1969. Treize ans plus tard les lois de décentralisation feront de la région une entité politique à part entière. La prochaine étape de cette réorganisation territoriale verra la suppression des conseils généraux alors que la logique des métropoles, moteur des nouvelles régions, pourrait bien cantonner l’action des départements à la seule gestion des zones rurales. Un retour aux sources en quelque sorte !