Depuis quelques années la campagne a le vent en poupe. Le nombre de citadins qui aspirent à vivre en milieu rural ne cesse de croître. Cet exode urbain, après des décennies d’exode rural, prend différentes formes, comme le montre une enquête en sept épisodes menée par Le Monde cet été. Il y a ces télétravailleurs ou artistes, enfants des nouvelles technologies et du nomadisme mondialisé, qui n’hésitent pas à s’installer dans des pays « largement peuplés d’arbres et de vieux », ou ces étrangers attirés par la beauté des paysages et un certain art de vivre, comme ces 15 000 Britanniques qui ont choisi la Dordogne comme département de villégiature, ou encore ces retraités qui veulent se réenraciner dans le village de leur enfance. Il y a aussi ces néoruraux qui choisissent de pratiquer un type d’agriculture alliant qualité de vie et éthique du métier et ceux qui font des choix encore plus radicaux comme de vivre dans des yourtes. Il y a enfin ceux qui choisissent la campagne parce qu’elle est moins chère que la ville, mais doivent souvent déchanter, piégés par les charges de transport et de chauffage, et l’éloignement des bassins d’emplois. Quelles que soient les situations, l’insertion n’est pas sans tensions entre ruraux et néoruraux, dans une campagne de plus en plus diversifiée, reflétant les inégalités et la diversité des modes de vie de notre société. Constatons néanmoins que le gros des migrations villes-campagne concerne avant tout les zones périurbaines. Et bien des régions rurales de la fameuse « diagonale du vide » continuent de se désertifier, comme en témoigne Alain Bertrand, sénateur-maire de Mende, qui a remis cet été un rapport au gouvernement sur ces territoires hyper ruraux (26 % de l’Hexagone et 5,4 % de la population française) au seuil de l’effondrement. « A l’heure d’une société française moderne, mobile et connectée, écrit l’élu de la Lozère, il existe une fraction du territoire qui vit à l’écart du « mainstream » (courant dominant), voire à contre-courant, sans que, bien souvent, la majorité du pays ne s’en rende véritablement compte. »