Claude Michelet, décédé la semaine dernière à l’âge de 83 ans, tenait à ce qualificatif d’écriveur, contraction d’écrivain et d’agriculteur, tant la terre et l’écriture l’ont passionné. La terre, il l’a choisie très jeune, lorsqu’au lendemain de la Seconde guerre mondiale, sa famille s’installe à Paris. Son père Edmond Michelet, résistant de la première heure, puis déporté à Dachau, est nommé ministre des Armées du général de Gaulle. A 14 ans, Claude Michelet, qui n’apprécie guère la capitale, part étudier l’agriculture au lycée de Lancosme-en-Brenne dans l’Indre. Puis, après 27 mois de service militaire en Algérie, il s’installe à Marcillac près de Brive-la-Gaillarde, sur le domaine familial de 19 hectares, qu’il portera à 70, spécialisant son exploitation dans l’élevage de Limousines, tout en consacrant une partie de son temps à l’écriture.
« La terre est lourde d’enseignements. Elle apprend la modestie », écrivait-il en 1975, dans J’ai choisi la terre ; livre dans lequel il raconte les joies et les peines du métier et se fait l’écho des petits paysans inquiets face à l’avenir. Puis viendra le succès de la saga des Vialhe, quatre tomes, – dont Des Grives aux Loups -, vendus à plusieurs millions d’exemplaires. Au début des années 1980, lors de la fameuse foire du livre de Brive, il crée l’Ecole de Brive, avec une bande de copains auteurs corréziens dont Michel Peyramaure et Denis Tillinac et d’autres au-delà des frontières de la Corrèze. Tous avaient le goût du terroir et l’amour de la vie provinciale et se situaient dans la tradition des romanciers populaires du XIXème siècle.
Claude Michelet était du genre brut de décoffrage. C’était d’ailleurs le titre d’un de ses derniers livres. Il admirait de Gaulle et Malraux, détestait la foule, l’heure d’été, la bien-pensance, les technocrates, l’intelligentsia parisienne, notamment ce petit monde des critiques littéraires qui font la pluie et le beau temps dans le milieu de l’édition et qui l’ont longtemps boudé. Mais il n’hésitait pas à prodiguer des conseils ou à donner un coup de main à un auteur en quête d’éditeur pour un premier livre. Ce qui fût mon cas.
Commentaires récents