Dès avant la création du Marché Commun, en 1955, le Conseil de l’Europe annonçait la couleur avec son drapeau cerclé de douze étoiles d’or, pour exprimer les idéaux d’unité, de solidarité, d’harmonie entre les peuples européens, sur fond bleu azur, depuis longtemps la couleur préférée des Européens. Le bleu du ciel et de la mer, le bleu de paix (Casques bleus), le symbole de rêve, de plénitude, de perfection. Couleur emblématique de la monarchie (le sang bleu), des Romantiques (l’amour fleur bleue), le bleu est associé au culte marial dans le catholicisme. Pour l’anecdote, à défaut de la reconnaissance des racines chrétiennes de l’Europe, l’on saura plus tard qu’Arsène Heitz, fonctionnaire au Conseil de l’Europe et concepteur du drapeau, s’était inspiré d’une médaille des Petites Sœurs des Pauvres ! En 1986, le drapeau bleu étoilé deviendra l’emblème des Communautés européennes.
Et pourtant l’histoire de la Communauté européenne est d’abord marquée par la couleur verte, celle des champs printaniers, des prés et des forêts, avec un Marché Commun qui se construit autour de la Politique agricole commune, alors seule politique intégrée, avec le tarif douanier commun. La PAC représente 80 % du budget communautaire. Il en sera ainsi jusqu’au milieu des années 1980, date des premières remises en cause avec des organisations de marché minées par les excédents et les montants compensatoires monétaires. Puis la mondialisation s’impose, en même temps que les théories libérales qui ne siéent guère avec les contraintes de l’économie agricole et qu’émergent les préoccupations environnementales. Si bien que le vert « champêtre » des paysans européens est de plus en plus concurrencé par le vert « nature » des écologistes. Le dernier scrutin a « verdi » un peu plus le Parlement européen, avec le succès des listes écologistes, mais aussi parce que d’autres sensibilités ont affiché haut et fort leur souci de l’environnement. Reste à faire en sorte que ces nuances de vert champêtre et vert nature se comprennent et se respectent !