Les années 1970 ont marqué la fin des Trente Glorieuses. Pourtant à l’époque, on semble croire encore que la technique va permettre de vaincre les caprices du ciel. Et puis, patatras, survient la sécheresse de 1976. Une sécheresse, disait-on, comme on en connaît une par siècle. Suivirent quelques années particulièrement sèches, notamment la canicule de 2003, nous obligeant à reconsidérer les liens intimes qui unissent agriculture et climat, d’ailleurs depuis la création de l’agriculture, il y a près de dix mille ans, à la suite justement d’un réchauffement de la planète. Nul doute également que les importantes déforestations dans les millénaires qui vont suivre joueront un rôle non négligeable dans l’évolution du climat. Et puis il y a ces hivers terribles et ces étés très chauds avec son lot de disettes et de famines qui jalonnent dramatiquement l’histoire de l’humanité.
Que cet actuel épisode de sécheresse soit lié ou non au réchauffement climatique (car il faut séparer les accidents climatiques de l’évolution du climat moyen), force est de constater qu’il n’y a désormais plus grand monde pour contester ce phénomène qui concerne au premier chef l’agriculture. D’ailleurs pas toujours négativement, car un réchauffement modéré dope la végétation et améliore les rendements. Un peu de chaleur, ça fait du bien, mais gare aux excès, résume Bernard Seguin, le chef de la Mission sur le changement climatique à l’INRA, dans son livre Coup de chaud sur l’agriculture. Car le risque, ce sont ces périodes de sécheresse répétitives qui transformeraient l’effet positif en un résultat négatif. Ne dit-on pas que, d’ici 2030, les étés comme celui de 2003 pourraient être non plus l’exception mais la norme ?, rendant encore plus difficile la résolution de la question alimentaire mondial. Dans ce contexte, l’annonce en début de semaine que les émissions de CO2 ont atteint un record en 2010 n’est pas vraiment une bonne nouvelle.