Le plus jeune président de la Vème République vient de nommer le plus jeune premier ministre de toutes les Républiques et le plus jeune ministre des Affaires étrangères des dernières décennies. Ceci pour contrer la montée en puissance des intentions de vote aux élections européennes du Rassemblement national, dont la tête de liste n’a que 28 ans ! En quelques jours, cette cure de jouvence a donné un sérieux coup de vieux à des poids lourds de la politique dans la cinquantaine, un âge encore raisonnable pour envisager un futur prometteur !
Ce rajeunissement du personnel ministériel : coup politique d’un président volontiers disruptif ou symbole d’un changement profond de société, tendant à privilégier une génération d’hommes politiques audacieux, réactif, maîtrisant la communication et les réseaux sociaux, à l’expérience des anciens ? Il fut un temps (pas si lointain !), où, pour accéder aux plus hautes fonctions politiques, il fallait franchir un long parcours truffé d’obstacles : d’abord se faire élire localement, puis avoir un mandat départemental, avant de devenir parlementaire, puis ministre voire premier ministre. Cela n’a d’ailleurs pas empêché Giscard d’être élu président à 48 ans ou Laurent Fabius de devenir premier ministre à 38 ans, mais Français Mitterrand et Jacques Chirac ont dû s’y prendre à trois reprises.
Pour autant faut-il s’attendre à une orientation plus en faveur des jeunes dans les choix politiques ? Pas si sûr ! Le socle électoral de la macronie est composé pour une bonne part de retraités. Qui plus est une majorité de jeunes ne se sent pas concernée par la politique telle qu’elle est pratiquée actuellement et considère ces jeunes pousses comme déjà vieux dans leur tête et leur comportement. En 2022, seul un petit tiers des jeunes a jugé bon de participer au scrutin législatif.
Curieusement la situation est inversée aux Etats-Unis où la prochaine élection présidentielle devrait opposer un octogénaire face à un quasi octogénaire… De quoi susciter l’espoir de quelques vieux routiers de la politique française qui n’ont pas abandonné la partie, car comme tout à chacun le sait : la vie politique n’est pas linéaire !