L’appel du 18 juin fête ses 80 ans, en cette « année De Gaulle » qui commémore également les 130 ans de la naissance du chef de la France libre et le 50ème anniversaire de son décès. Le fondateur de la Cinquième République qui avait une tendresse pour « ce pays des villages immuables, des églises anciennes, des familles solides, de l’éternel retour des labours, des semailles et des moissons », aura été l’un des plus réformateurs de l’agriculture française. Si son arrivée au pouvoir satisfait plutôt les agriculteurs, très vite les relations s’enveniment après la décision de désindexer les prix agricoles. La France gaullienne s’engage alors dans une modernisation de son agriculture, qui rompt avec la vision agrarienne du personnel politique (toutes tendances confondues) de la Troisième et de la Quatrième République, avec le vote des lois d’orientation de 1960 et 1962 et la mise en place de la PAC qui devaient permettre à l’agriculture « d’épouser son temps ». Pour cela, le pouvoir gaulliste s’appuiera sur les jeunes agriculteurs, cette « génération Debatisse », qui allie un fond d’humanisme, hérité de sa formation à la JAC (Jeunesse Agricole Catholique), et une vision productiviste de l’agriculture.
Par contre les relations ne sont pas bonnes voire exécrables avec bon nombre de responsables de la FNSEA et des Chambres d’agriculture, qui avaient fait leurs classes à la Corporation paysanne sous Vichy. Pro-américains, ils n’ont jamais accepté que le général de Gaulle nomme en 1944 un socialiste, François Tanguy-Prigent, rue de Varenne. Lors des élections présidentielles de 1965, le vote des agriculteurs ne sera pas étranger à la mise en ballotage du général de Gaulle, puisque seules 38 % des voix paysannes se porteront au premier tour sur le fondateur de la France libre.
Après le départ du général de Gaulle du pouvoir en 1969, le vote paysan sera largement acquis aux partis se réclamant du gaullisme. Au cours de la seconde moitié du XXème siècle, le monde agricole aura été plus pompidolien puis chiraquien que gaulliste, tant sa relation avec le général pourrait se résumer par cette formule : « Je t’aime moi non plus ».