Le confinement a modifié nos habitudes de consommation alimentaire. En amont, les producteurs ont dû s’adapter à la fermeture des restaurants et des marchés locaux, en innovant notamment dans la vente directe ou le « drive ». A l’autre bout de la chaîne, les consommateurs ont prisé les circuits courts, qui jusqu’alors ne représentaient que 15 % de l’approvisionnement. Cette situation perdurera-t-elle ? Ce n’est pas gagné. Mais au moment où pourrait s’instaurer fort opportunément un débat autour de la question de la souveraineté alimentaire, il n’est pas inutile de la considérer à un niveau plus local.
En 2017, une société de conseil, Utopies, avait calculé le degré d’autonomie alimentaire des cent plus grandes aires urbaines françaises. Les résultats furent édifiants avec une autonomie alimentaire moyenne de… 2 %. Ce qui signifie que 98 % de la production agricole et alimentaire locale (produite dans un périmètre jusqu’à 50 voire 100 kilomètres autour de ces villes) étaient exportés hors de ce périmètre. Dans le même temps, 98 % de l’approvisionnement alimentaire de ces villes étaient importés. Avec toutefois des disparités : si Avignon, Valence, Nantes ou Angers se situent à plus de 5 %, Thionville, Compiègne, Creil ou Forbach se placent en deçà de 0,2 %. Autre chiffre édifiant, la dépense agricole locale (c’est-à-dire l’argent qui revient aux producteurs locaux) est en moyenne de 15,50 € par an et par habitant de ces villes !
Une reconquête même partielle de l’ordre de 10 à 15 % de la production locale (il serait inconcevable d’être totalement autonome !) permettrait de limiter les flux de transports, et donc l’empreinte carbone, mais aussi de créer des emplois localement et de sécuriser une chaîne d’approvisionnement qui a montré ses failles avec le Covid-19. Paris ne dispose que de trois à quatre jours de réserves et les produits agricoles et alimentaires qui y sont consommés font en moyenne 600 kilomètres. Une situation plus que problématique en cas de crises, qu’elles soient pandémiques, climatiques, énergétiques ou sociales comme une grève des transports !