Il est vraiment temps de tourner la page, à l’instar du magazine Times qui, il y a quelques jours, avait en couverture barré ostensiblement cette année 2020, comme pour la jeter aux oubliettes. L’an passé, personne n’imaginait 2020 en annus horribilis, voguant entre confinement, déconfinement et reconfinement, sur fond de réseaux sociaux en ébullition et de théories complotistes à tout vent, de chômage partiel et de télétravail, de petits commerces en berne et de pauvreté en hausse… Qu’en sera-t-il de 2021, qui apparaît aussi imprévisible que la fin de 2020 ? Imprévisible pour nous, avec cette angoisse des lendemains qui peuvent déchanter. Imprévisible pour les gouvernants ! Jamais la fameuse définition de Valéry Giscard d’Estaing, « gouverner, c’est gérer l’imprévisible », n’a été aussi vraie.
Sans doute, bien avant que la pandémie n’apparaisse, les Nations Unies ont décrété 2021 année internationale de la paix mais aussi de la confiance. Une confiance dont on aura bien besoin, mais une confiance à reconquérir, tant les tâtonnements (compréhensibles) des décideurs, les disputes médiatisées (moins compréhensibles) des experts, tranchaient face à l’ingéniosité de ce virus jouant avec les nerfs des savants et des gouvernants, et de nous autres qui ne sont ni l’un ni l’autre.
2021 sera également l’année internationale des fruits et légumes. Comme un clin d’œil dans la morosité ambiante au jardin d’Eden ! « Les légumes sont porteurs d’une histoire qui plonge aux racines mêmes de notre humanité », écrit le sociologue, Éric Birlouez, dans Petite et grande histoire des légumes (Editions Quae). En exergue de son livre, il nous offre fort opportunément cette citation de la romancière albanaise, exilée à Paris, Ornela Vorpsi, extraite de Vert venin (éditions Actes Sud) : « Je compte lui préparer une soupe de légumes frais. Une de ces soupes de grand-mère qui nous assurent que la mort n’existe pas, que nous avons toujours dix ans, que les miracles sont devant nous, qu’ils nous attendent… »