Depuis quelques décennies, pour mieux se faire entendre les agriculteurs se mobilisent sur le pavé parisien. La première grande manifestation dans la capitale date du 23 mars 1982. A l’époque, 100 000 agriculteurs manifestent à l’initiative de François Guillaume contre la volonté d’Edith Cresson de reconnaître le pluralisme syndical. La manifestation est plutôt un succès, ce qui amènera François Mitterrand à remplacer Edith Cresson par Michel Rocard, au poste de ministre de l’Agriculture. Plus fondamentalement, cette manifestation marque un changement dans les modes de revendications des paysans, avec l’attention portée, dans une société de plus en plus médiatisée, à l’image publique du monde agricole et le souci de se montrer aux citadins selon les normes de la civilité urbaine, en évitant tout dérapage. Par la suite d’autres grandes manifestations témoigneront de manière encore plus éclatante le souci du dialogue avec les citadins, dans un style festif avec, d’abord, la Grande Moisson organisée en 1990, par les Jeunes Agriculteurs, puis le Dimanche des Terres de France, qui, en 1991, à l’initiative de Raymond Lacombe, mobilisera 300 000 ruraux sur le pavé parisien, sous le mot d’ordre « Pas de pays sans paysans ». Plus controversées seront, au début des années 2010, les manifestations de céréaliers, et notamment ce projet de blocus de Paris organisé par les céréaliers d’Ile-de-France, le 21 novembre 2013. La manifestation de la semaine dernière est plus dans la tradition de celle de 1982, avec toutefois quelques différences notoires : plus de tracteurs et moins de manifestants, un soutien plus appuyé de la part de l’opinion publique et la contestation qui s’est manifestée au sein de la FNSEA, à la suite des mesures gouvernementales, saluées par Xavier Beulin. Fait inimaginable en 1982, sous François Guillaume !