« Le temps politique est un temps différent de celui que nous vivons dans le quotidien », constatait déjà en 1992 l’ex-dramaturge et chef d’Etat, Vaclav Havel, dans Méditations d’été. Depuis les rythmes de la vie se sont accélérés, notamment dans la communication. Internet et les chaînes d’information en continue imposent leur diktat de l’immédiateté modifiant la nature même de la pratique politique. Le milieu politique « twitte » à longueur de journées sur des événements qui, dès le lendemain, se révèleront souvent obsolètes. Face à ce bouleversement dans le rapport au temps, Nicolas Sarkozy avait imposé son calendrier par une présence médiatique quotidienne, mais qui allait, au fil des années, exaspérer l’opinion. François Hollande a choisi une posture plus classique. Mais cela ne marche pas mieux. Les sondages sont bas. L’opinion publique, en l’occurrence plus consumériste que citoyenne, estime que l’action gouvernementale est trop lente. Comme s’il suffisait de cliquer sur l’icône d’un logiciel pour programmer le redressement industriel de la France. L’on en oublie le temps de la délibération parlementaire, l’effet différé des mesures prises, la complexité des problèmes et les limites de l’action gouvernementale, entre décentralisation et Europe, mondialisation financière et poids des firmes multinationales. Pas facile de gouverner dans un contexte où le temps médiatique impose son rythme au temps politique. L’audiovisuel a pris le pas sur la presse écrite qui se sent obligé de faire des unes chocs ; les politiques ne pensent plus qu’à la petite phrase qui fera le « buzz » ; l’émotion prend le pas sur la raison, l’immédiateté sur le long terme, la superficialité sur la complexité… Et pourtant, plus que jamais, les problèmes sont colossaux, les enjeux sont vitaux. D’où l’impérieuse nécessité pour nos gouvernants de se projeter bien au-delà de la prochaine échéance électorale et donc de réinscrire le temps politique dans la durée.