Il fut un temps, où le travail était « l’apanage » des seuls esclaves. C’était sous l’Antiquité. D’ailleurs le mot travail tire son origine étymologique de tripalium qui signifie instrument de torture. Sous l’Ancien Régime, réussir sa vie, c’était ne pas travailler. Avec la révolution industrielle, tout change, le travail devient condition de citoyenneté. Au cours des Trente Glorieuses, le plein emploi semble définitivement acquis. Mais tout change à nouveau brutalement après le premier choc pétrolier de 1973. Georges Pompidou s’inquiète alors auprès d’André Bergeron (à l’époque secrétaire général de FO) d’un seuil de 500 000 chômeurs qui mettrait le pays à feu et à sang. Après la fin de ce que l’on a appelé le compromis fordien qui échangeait la protection sociale des salariés contre leur subordination, les CDI ont de plus en plus laissé la place aux CDD, la sécurité des salariés à la précarité, à l’exclusion des moins qualifiés, à l’émergence des travailleurs pauvres. Depuis quatre décennies, l’emploi demeure la préoccupation majeure, car plus le travail devient difficile d’accès, plus il prend de l’importance dans la vie des gens et le fonctionnement des sociétés. Face à l’ampleur d’un chômage grandissant, de nombreuses mesures étaient prises : préretraites, emplois aidés, temps partiel, petits boulots, allègement des cotisations, 35 heures, RSA…, mais sans vraiment résoudre le problème quant au fond. « Tout a été essayé », avait dit, il y a vingt ans, François Mitterrand. Aujourd’hui le chômage bat des records et le 1er mai est fêté dans la morosité, en attendant la reprise. Mais si le retour de la croissance permet d’améliorer la situation, il ne résout pas pour autant le problème de fond. D’ailleurs les autorités devraient méditer l’exemple de l’agriculture où, malgré des taux de croissance à la chinoise, la population active n’a pas cessé de se réduire considérablement.