On ressort encore plus émerveillé par les choses de la nature, après la lecture de L’Intelligence des plantes, de Stefano Mancuso, fondateur de la neurobiologie végétale. Pourtant depuis Aristote, qui plaçait le végétal au plus bas niveau de la pyramide des vivants, car il le jugeait sans âme, l’homme a toujours méprisé les plantes. Seul le génial Darwin avait constaté qu’elles manifestent « un haut degré d’évolution étonnamment avancé » et considérait que si les végétaux n’avaient pas su s’adapter, ils ne représenteraient pas aujourd’hui 99,5 % de la biomasse. Et il fallait aux plantes, qui sont immobiles, faire preuve de beaucoup plus d’intelligence que les animaux (qui eux peuvent se déplacer) pour s’adapter. Qui plus est les plantes n’ont ni cerveau, ni poumons, ni foie, ni estomac mais elles parviennent à assurer toutes les fonctions que ces organes remplissent chez les animaux. Stefano Mancuso nous décrit des plantes qui développent une sensorialité très développée, avec une quinzaine de sens de plus que nous. Des plantes qui respirent, perçoivent et émettent des sons, communiquent entre elles, développent une intelligence de réseau, inventant bien avant l’homme une forme d’internet vert. On a donc encore beaucoup à apprendre d’elles, comme mieux comprendre les mécanismes de la photosynthèse, ou encore cette capacité des légumineuses à fixer l’azote de l’air en le transformant en azote ammoniacal assimilable par les plantes, qui, généralisée à l’ensemble des plantes agricoles, permettrait d’augmenter la productivité en respectant la nature, et ainsi de résoudre les problèmes alimentaires et énergétiques de la planète. Un enjeu essentiel pour l’auteur, qui déplore que seuls cinq laboratoires au monde s’y consacrent. Il nous faut aussi respecter ce monde végétal, nous demande Stefano Mancuso : « leur destruction indiscriminée est moralement indéfendable ». Car sans végétaux, pas d’humains sur Terre !
L’intelligence des plantes de Stefano Mancuso et Alessandra Viola – Albin Michel – 240 pages – 18 €.