Récemment l’Institut Montaigne, un cercle de réflexion d’inspiration libérale, publiait un rapport dénonçant la concentration des richesses dans les métropoles et le déséquilibre avec ce qu’il appelle les territoires éparses (les campagnes et les villes moyennes). Le constat est sans nuances et bien connu – les 15 plus grandes métropoles représentent la moitié de l’activité économique et 81% de la croissance française -, même s’il demande à être relativiser car des métropoles rencontrent des difficultés et possèdent des poches de pauvreté tandis que bon nombre de territoires ruraux et de villes moyennes ne sont pas voués au déclin.
Craignant que la crise de la Covid-19 n’aggrave encore les inégalités territoriales, le rapport propose, outre l’accélération de la conversion numérique et le développement d’un habitat et d’une mobilité responsable sur le plan écologique, d’investir dans le capital humain.
En effet l’une des inégalités les plus flagrantes concerne l’accès à la formation et notamment dans le supérieur. Sur la tranche d’âge des 30-34 ans, la part des diplômés de l’enseignement supérieur varie du simple au double d’une région à l’autre (près de 60 % pour l’Ile-de-France contre 28,3 % pour la Basse Normandie). Et pourtant les collèges ruraux et les lycées des villes moyennes n’ont pas à rougir des résultats et se placent globalement au-dessus de la moyenne nationale. Mais, voilà, en milieu rural, on choisit plutôt les filières courtes comme le CAP ou le BTS que les études universitaires, qui apparaissent comme un luxe que l’on ne peut pas se permettre, pour des raisons à la fois financières (le coût des études et du logement), mais aussi la crainte de ne pas être à la hauteur, de ne pas posséder les codes, de perdre son réseau de sociabilité. Et puis la décision de partir effectuer des études au loin se heurte à la perspective souvent définitive de ne pas revenir au pays. Un constat qui n’est pas nouveau, mais qui prend aujourd’hui toute son importance à l’heure du télétravail et des études à distance.