Alphonse Allais voulait construire les villes à la campagne car l’air y est, disait-il, plus pur. Un siècle plus tard, c’est l’agriculture qui revient en ville. Car le phénomène n’est pas nouveau. Le quartier du Marais à Paris a nourri en légumes les Parisiens pendant des siècles et les jardins ouvriers, lancés par l’abbé Lemire au début du 20ème siècle, pour éloigner les ouvriers des cafés, ont longtemps donné un air de campagne à la ville. C’est l’époque moderne qui a cloisonné les choses. Mais, si la dernière vache a quitté Paris, en 1971, il existe toujours une ferme à Paris, au bois de Vincennes, avec 5 hectares consacrés à l’expérimentation du bio. Aujourd’hui, ce retour de l’agriculture urbaine correspond à l’air du temps. Les conférences organisées sur ce thème par la mairie de Paris attirent à chaque fois plus de 700 participants. Le monde agricole n’est plus aussi indifférent au phénomène. Ainsi la Société des Agriculteurs de France et Sol et Civilisation ont organisé en début de semaine un colloque « L’Agriculture intra-urbaine, une agriculture comme les autres ? » Pas encore tout à fait, est-on tenté de répondre, tant le foncier pèse lourdement et les contraintes y sont multiples. Mais les projets se multiplient. Ainsi les toits des Galeries Lafayette produisent fraises et plantes médicinales. Dans Paris intramuros, on recense actuellement 111 jardins potagers (soit 6 hectares) et l’objectif des édiles pour 2020 est d’arriver à une centaine d’hectares de toitures et de façades végétales dont un tiers consacré à l’agriculture urbaine. Attention, toutefois, à ne pas privilégier une agriculture à très hautes technologies, déconnectée de la terre et produisant des fraises à 70 € le kilo, pour bobos en mal de nature ! Paradoxalement l’agriculture est facteur de lien social en ville, tandis que le lien social se délite dans nos villages. Et le miel y serait de meilleure qualité ! Tout fout le camp, mon bon monsieur Allais !