Pour le Nouvel An, on offre souvent des almanachs. Une tradition ancestrale dans les campagnes tant, depuis Gutenberg, ils ont ordonné la vie rurale. Le premier almanach Compost et Kalendrier des bergiers date de 1491. Puis, très vite, ces publications se multiplient proposant la liste des fêtes chômées, les mouvements de la lune et des planètes, quelques conseils agronomiques et de santé, des prédictions astrologiques, des histoires grivoises et, ce qui est moins marrant, la description des peines de l’Enfer. Plus tard, ils deviendront de petites encyclopédies destinées à une population en majorité analphabète. Vendus par les colporteurs en même temps que les images pieuses ou les recueils de contes, les almanachs seront après la Bible les écrits les plus vendus pendant des siècles. Ils concourent également à l’unité du pays diffusant auprès de tous les Français une mémoire collective qui va de l’intrigante Bête du Gévaudan aux sympathiques aventures du bandit Mandrin. « L’almanach est une chose plus grave que ne le croient les esprits futiles », écrira Jules Michelet, tandis que l’agronome Duhamel de Monceau dénoncera son caractère obscurantiste et fantaisiste, à l’origine du retard de l’agriculture. Avec le développement du commerce des semences, chaque grainetier diffusera son almanach comme Le Bon Jardinier ou La Feuille Vilmorin. Jusqu’à une date récente, l’almanach demeurera l’un des rares écrits rencontré dans les maisons paysannes. Le scénariste Jean-Claude Carrière, né en 1931, raconte dans son livre Le vin bourru, que, dans la maison de son enfance, on ne trouvait, outre le missel, que le catalogue de la Manufacture de Saint-Etienne et l’Almanach Vermot. Alors, pour rester dans la tradition, une bonne année à tous et à chacun, riche de lectures en tous genres, y compris d’almanachs !