Il est devenu une star mondiale, abondamment utilisée dans la pub, médiatisée par ce film, Babe le cochon devenu berger. Je veux parler du Border Collie, une race de chiens de troupeau très ancienne sélectionnée entre Ecosse et nord de l’Angleterre et qui restera longtemps confinée dans ces vastes landes dédiées à l’élevage extensif du mouton avant de conquérir à partir des années 1970 le monde et de devenir le numéro un des chiens de troupeau. C’est cette saga que nous raconte le journaliste Jean Piacentino, dans son dernier livre (*), riche de conseils pratiques de tous ordres. Mais l’intérêt de ce livre est aussi dans cette passion trentenaire que nous fait partager cet ancien élève de Sciences Po Paris, par ailleurs grand spécialiste du cheval de trait, pour cette race et pour les éleveurs qui, en France, ont permis sa promotion. Il nous fait découvrir ces débats passionnés, qui ne sont pas sans rappeler l’introduction du mérinos espagnol puis du bœuf Durham anglais en France. Pour l’anecdote, l’on découvre que l’un des pionniers de l’introduction du Border Collie dans l’Hexagone n’est autre que Pierre Juillet, qui fut conseiller de Georges Pompidou à l’Elysée et éleveur de moutons dans la Creuse. L’on découvre encore dans ce livre une sociologie des Etats à travers leur attachement à une race de chiens, qui explique bien des difficultés de la construction européenne. Le Royaume-Uni, avec sa ferveur populaire et ses concours de chiens de troupeau, qui sont retransmis par la BBC, avec la participation de la famille royale, mais aussi les Pays-Bas, la Belgique et l’Allemagne, pays cynophiles, face à une France, plus réservée devant cette race venue d’un pays qui n’apprécie guère la PAC, mais qui aujourd’hui compte près de 400 000 Borders Collies. Ce qui signifie que la race est largement implantée hors de l’agriculture. Mais là, c’est un autre problème ! * Le Border Collie – Jean Piacentino – Editions France Agricole, 2013.