Des rapports du GIEC toujours plus alarmants, des autorités françaises qui prévoient une hausse de 4°, un rapport Pisani-Ferry qui montre que la transition écologique coûtera cher…, le changement climatique s’insère désormais dans notre quotidien. Pourtant l’impact des activités humaines sur le changement climatique, constaté dès les années 1970, aura bien du mal à s’imposer. A la fin des années 1980, réalisant un dossier sur ce thème pour un mensuel, j’avais bien du mal à convaincre un ingénieur de la Météorologie nationale de m’envoyer un cliché de la Terre. Ce dernier me mettant en garde contre les « délires » des climatologues, avides de faire monter les enchères pour accroître le financement de leurs laboratoires !
Pourtant, bon nombre d’experts tiraient la sonnette d’alarme. Parmi eux, Claude Lorius qui dirigeait le laboratoire de glaciologie de Grenoble. En 1965, cet aventurier des pôles, décédé en mars dernier, étudie en Terre Adélie l’analyse chimique des carottages de glaces pour mieux connaître le climat des temps anciens. Un soir, il s’offre un whisky, avec un glaçon issu du carottage. Découvrant le pétillement qui fait ressembler le whisky à du champagne, Claude Lorius se dit qu’en extrayant et en analysant l’air de ces bulles dans la glace, on découvrirait l’atmosphère de l’époque. Il faudra vingt ans aux équipes de Claude Lorius et de Jean Jouzel pour à la fois mettre au point la technique permettant de piéger l’air dans la glace et convaincre les autorités pour développer le carottage des glaces en Sibérie.
En 1985, Claude Lorius constate que la courbe d’évolution de la température à la surface de la Terre est parallèle à celle de la teneur en gaz carbonique, montrant ainsi l’influence des gaz à effet de serre dans le réchauffement climatique, et donc l’impact des activités humaines sur le climat. Comme quoi s’offrir un whisky peut parfois mener à de grandes découvertes !