Samedi, Bruno Le Maire, le ministre de l’Agriculture, était l’invité du Journal inattendu de RTL. Il a raconté qu’au moment de sa nomination, il a vu quelques-uns de ses prédécesseurs qui, tous, lui ont dit : « Le lait, c’est l’indicateur de santé du monde agricole ; quand le lait va mal, alerte rouge, cela veut dire qu’il y a de fortes raisons que cela aille mal ailleurs ». Comme Renault qui, dans les années soixante, était le baromètre de l’économie et du social.
Le ministre est servi. La conjoncture ne s’améliore pas. Un producteur, lors de la même émission, exprimait le mal-être de toute une profession, craignant le chômage ou pire le suicide.
Le lait a toujours eu une place particulière dans l’agriculture, il représentait un salaire pour beaucoup de petits producteurs. Il a été prémonitoire de toutes les évolutions de l’agriculture. Au début des années 60, le rendement ne dépassait pas les 2 000 litres par lactation, dix ans plus tard, l’on parlait de fleuves de lait et de montagnes de beurre. Il a été le premier secteur à tenter de maîtriser la surproduction avec le prélèvement coresponsabilité puis les quotas. Il a vu au cours des dernières décennies le nombre de producteurs diminué considérablement passant de 240 000 en 1985 à 88 000 en 2005. Et c’est loin d’être terminée, si l’on en croit l’Institut de l’Élevage qui prévoit entre 20 000 et 30 000 producteurs en 2037 dont 8 000 exploitations dans les zones de montagne avec un quota moyen de 300 000 litres et 22 000 dans les zones de plaine avec un quota de 900 000 litres.
Certes les prévisionnistes ont l’art de se tromper (dans un sens comme dans un autre !). Mais si la crise perdure, ils pourraient être au-dessous de la réalité. De toute évidence, c’est une véritable industrialisation du secteur qui s’amorce, avec la fin de ces exploitations moyennes, qui étaient la cible des politiques agricoles depuis les années 60. Une évolution majeure !