La négociation pour constituer un grand marché commun nord-atlantique de 820 millions de consommateurs a du plomb dans l’aile. La récente visite à Hanovre de Barack Obama, qui espère bien conclure la négociation avant la fin de son mandat en janvier 2017, et le soutien d’Angela Merkel à ce traité n’y changeront rien. Paradoxalement, c’est l’opinion publique allemande qui est la plus en pointe contre ce traité. Une pétition a recueilli 3,5 millions de signatures et seuls 17 % des Allemands soutiennent le projet (ils étaient 55 % en 2014). Même évolution aux Etats-Unis où seuls 15 % des Américains pensent que cette négociation est une bonne chose. Plus surprenante, la France contestataire, souvent en pointe dans la contestation altermondialiste, apparaît en retrait, occupée, il est vrai, qu’elle est avec la loi El Khomri. Pourtant la France a plus à perdre qu’à gagner, notamment sur l’épineux dossier agricole, qui pourrait mettre en cause les Indications géographiques protégées et en péril un secteur de l’élevage déjà mal en point. Selon l’hebdomadaire Marianne (2), un document publié fin décembre par le ministère américain de l’Agriculture montre que l’agriculture américaine serait la grande bénéficiaire avec plus de 10 milliards d’euros contre seulement 2 milliards pour l’européenne.
Des deux côtés de l’Atlantique, « la mondialisation heureuse » chère à Alain Minc n’est plus ce qu’elle était. Après l’échec du cycle Doha à l’OMC et aujourd’hui l’impasse de la négociation transatlantique, les vents semblent avoir tourné. Comme en témoigne l’attitude de François Hollande, qui, en 2014, pensait qu’il fallait aller vite sur ce projet, et se dit aujourd’hui prêt à utiliser son véto, comme l’avaient fait en 1962 le général de Gaulle, en disant non au projet de partenariat transatlantique proposé par Kennedy, et, en 1998, Lionel Jospin en enterrant l’Accord Multilatéral sur l’Investissement (AMI).
1 : Partenariat transatlantique du Commerce et de l’Investissement
2 : Marianne numéro du 15 avril 2016