Noël sous la neige, ça a du cachet. Et puis, c’est devenu si rare, même dans nos contrées du Nord-Est de la France. Il faut nous plonger dans nos souvenirs d’enfance, remonter quatre ou cinq décennies en arrière pour trouver quelques traces neigeuses. En 2010, de ce point de vue, on a été gâté. Plus de vingt centimètres de neige dans la campagne picarde ! Bloqué pendant trois heures, la veille de Noël à une vingtaine de kilomètres de mon domicile, j’ai eu le temps d’observer l’attitude des gens qui, comme moi, étaient contraints à l’impuissance et de constater combien cette neige illustre bien la signification de Noël, avec ce mélange d’émerveillement, de solidarité et ce constat de la fragilité de nos sociétés. Émerveillement devant ces paysages immaculés donnant un peu plus de magie à Noël, qui est avant tout cet émerveillement dans le regard d’une mère sur son enfant. Solidarité, ensuite. Car il faut donner un coup de chapeau à ces agriculteurs qui n’ont pas hésité le soir du réveillon à dépanner les automobilistes en rade dans les fossés et les congères. Ils palliaient les lacunes des services de l’équipement totalement dépassés par les événements. Enfin force est de constater combien nos sociétés si sophistiquées ne supportent plus le moindre excès de la nature. On avait oublié ces sociétés paysannes anciennes où l’on redoutait l’épreuve de l’hiver, et cette « dictature du milieu physique », – pour reprendre une formule de l’historien Fernand Braudel -, qui imposait aux hommes ses rythmes, et l’enserrait. Fragile société qui voit ces nomades que nous sommes devenus, bloqués dans les aéroports ou sur les routes, qui voit ces consommateurs boulimiques contraints à la frugalité d’un plateau repas. Mais après tout cette fragilité, n’est-elle pas le vrai sens de Noël, avec la naissance d’un bébé dans une crèche pour illustrer la toute-puissance de Dieu !
La neige a fondu, les fêtes de fin d’année sont passées… retour au quotidien parfois morose. Alors je vous souhaite beaucoup de raisons de vous émerveiller en 2011.