En ces temps où diverses institutions officielles n’hésitent pas à se délester du patrimoine le plus ancien pour satisfaire à des contraintes budgétaires, saluons la rénovation de la galerie botanique du Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Un travail titanesque – pour gagner de la place et changer la structure de classification – qui s’est étalé sur plus de quatre ans, durant lesquels restaurateurs d’herbiers, classificateurs, dessinateurs, déménageurs et artisans ont dû reclassifier et archiver méticuleusement huit millions de spécimens dont 500 000 types de grande valeur, soit le plus grand herbier du monde, dans 48 000 classeurs. Parmi les collections les plus précieuses du Muséum, on compte le plus ancien herbier constitué en 1558 par un étudiant en médecine, Jehan Girault, qui souhaitait réaliser un inventaire des plantes médicinales, mais aussi ceux des frères Jussieu, de Lamarck ou d’Adanson. Cette rénovation est un bel hommage rendu à ces savants qui s’adonnaient passionnément à l’herborisation et n’hésitaient pas à s’aventurer dans les contrées les plus lointaines parfois dans des conditions rocambolesques pour collecter plantes en tous genres, mousses, fougères, lichens ou champignons. Mais l’aspect le plus innovant de cette rénovation, c’est la numérisation de plusieurs millions de planches en accès libre sur Internet. Chacun pourra donc s’offrir d’ici quelques mois un voyage végétal dans le temps et l’espace, s’émerveiller devant des planches qui sont de véritables œuvres d’art et découvrir combien la biodiversité est un enjeu essentiel pour notre avenir, à travers, notamment, les exemples de la Pervenche de Madagascar, connue dès 1655, et dont on extraira trois siècles plus tard des substances pour lutter contre la leucémie et le cancer, ou de ces bananiers sauvages mieux armés que les espèces domestiquées pour résister au réchauffement climatique. L’herbier devient ainsi une assurance pour le futur !