En 2015, un automobiliste se fait prendre par un radar sur la nationale 7. Rien de bien original, cela arrive à beaucoup d’entre nous ! Mais là où l’affaire se corse, c’est que notre homme, furieux par sa mésaventure, brandit un doigt d’honneur, que le radar photographie. La suite, c’est une convocation au tribunal pour outrage à personne chargée d’une mission de service public. Pour cela il risque deux à quatre mois de prison ferme. D’autant que le conducteur, qui a déjà été condamné pour d’autres faits répréhensibles, se défend bien maladroitement. Plutôt que d’assumer son geste, il prétexte que ce malheureux doigt d’honneur s’adressait à sa compagne. Pas très fair-play !, le bonhomme. Malgré tout notre conducteur obtient la relaxe. Le bon sens semblant alors l’emporter !
Naviguant sur Internet pour voir s’il existait d’autres cas similaires, je découvre alors un article du Courrier Picard de 2012, qui évoque un radar placé sur l’autoroute du Nord, affichant sur un écran un inélégant « Fuck you !, chauffard » à tous les conducteurs flashés. L’histoire ne dit pas si ces derniers ont porté plainte. Paradoxalement, c’est finalement la machine qui a porté plainte contre le conducteur et non les conducteurs contre cette insulte. Entre le doigt d’honneur et ce Fuck you, les rôles semblent inversés entre l’homme et la machine.
Prenons conscience que, derrière chaque machine, dans nos sociétés désormais si contrôlées, peut se cacher un homme en mission de service public. Il nous arrive tous d’avoir des propos parfois inconvenants, voire des gestes malheureux, lorsque la tondeuse à gazon fait des siennes ou quand notre voiture nous laisse en rade en rase campagne, – après tout cela ne fait de mal à personne !-, mais prenons garde avec ce futur qu’on nous annonce heureusement robotisé, qu’une caméra ne se cache derrière la tondeuse ou la voiture, justifiant ainsi le dépôt d’une plainte ! Ainsi va le monde ! Orwell, réveille-toi, ils sont devenus fous !