Sans doute les experts ont-ils péché par excès d’optimisme à la veille de la négociation de Copenhague sur le réchauffement climatique ? L’échec n’en a été que plus flagrant. Ils auraient dû méditer la manière dont la gouvernance mondiale a été incapable de résoudre, au cours des cinq dernières décennies, le scandale de la faim dans le monde, malgré les appels incessants de bien des autorités. Dans les années 1950, Josué de Castro dans Géopolitique de la Faim tirait la sonnette d’alarme en déclarant qu’un être humain sur trois ne mange pas à sa faim. En 1962, René Dumont publiait L’Afrique noire est mal partie. En 1969, le pape Paul VI prônait dans l’encyclique Populorum Progressio un meilleur partage des richesses entre le Nord et le Sud. En 1974, Henry Kissinger, chef de la diplomatie américaine, déclarait : « En 1984, aucun homme, femme ou enfant dans le monde ne s’endormira en ayant faim ». En l’an 2000, dans le cadre des Objectifs du Millénaire, les autorités onusiennes prévoyaient de diminuer de moitié la population souffrant de faim d’ici 2015.
L’objectif ne semblait pas démesuré d’autant qu’un rapport des Nations Unies estimait la dépense à 40 milliards de dollars par an (soit 10 % des dépenses de publicité ou l’équivalent de la consommation de cigarettes en Europe) pour non seulement éradiquer la faim, mais aussi permettre l’accès de tous à l’eau potable, assurer un logement décent et combattre les grandes épidémies… On connaît la suite. Aujourd’hui, c’est plus d’un milliard de personnes qui ne mangent pas à leur faim. Et au Sommet de la FAO, en 2009, aucun chef d’État (à l’exception de Berlusconi mais c’était à Rome et de Kadhafi !) n’a daigné se déplacer. Alors, à l’aune dont on a abordé le problème de la faim, la banquise pourrait bien disparaître et notre climat se réchauffer considérablement, avant que les chefs d’États ne daignent se mettre d’accord. Il ne nous reste plus qu’à leur souhaiter moins d’égoïsme pour 2010…