Vingt-huit morts, dix millions d’hectares de terres, de landes et de forêts partis en fumée (soit deux fois la superficie de la Belgique), plus d’un milliard d’animaux morts, des fumées qui atteignent désormais le Chili et l’Argentine situés à plus de 12 000 kilomètres…, le tout sur fond de sécheresses récurrentes, de chaleur record, de vents violents, entretenant des feux de brousse devenus inextinguibles, tel est tragique bilan des incendies qui minent l’Australie depuis quatre mois. Depuis qu’Homo erectus l’a maîtrisé, il y a peut-être 2 millions d’années, le feu a suscité fascination et terreur. L’Homme de Neandertal, il y a 400 000 ans, s’en servira pour cuire ses aliments, se procurer de la chaleur et se protéger des prédateurs. Au néolithique, le feu a permis de défricher, et donc d’inventer l’agriculture, selon la technique de l’abatis-brûlis itinérant, et le restera jusqu’à nos jours, avec l’écobuage, technique longtemps considérée comme naturelle et écologique.
Par la suite l’homme jouera parfois avec le feu, en particulier récemment, négligeant l’entretien des forêts, se montrant imprudent et parfois criminel.
Aujourd’hui le feu suscite plus de terreur qu’il ne fascine, tant les images de ces méga-feux font froid dans le dos. Violents, brutaux, incontrôlables, ces sortes de « Tsunami de flammes » marquent une rupture dans la relation de l’Homme à la nature, laissant des paysages d’apocalypse et effaçant toute mémoire, comme ce fut le cas ces dernières années en Grèce, au Portugal, en Californie, en Indonésie, en Bolivie, en Amazonie, en Australie… et même sur les plaines enneigées du Groenland en 2017 ou en Suède et en Lettonie en 2018 !
Nos forêts brûlent, et pourtant, bon nombre de dirigeants de la planète regardent ailleurs, niant toute responsabilité humaine dans le changement climatique à l’instar du premier ministre australien, Scott Morrison, dans le droit de fil de ses collègues Donald Trump et Jair Bolsonaro, pourtant tous concernés dans leur pays par ces méga-feux. Pour autant, en France, nous ne sommes pas à l’abri. Les experts estiment que d’ici 2050, plus de la moitié des communes françaises pourraient être concernées par le risque de feux.