Le marché de l’emploi des cadres retrouve des couleurs, nous apprend l’APEC, l’agence de placement des cadres. En fait, il s’agit d’un rattrapage lié à l’inertie des deux dernières années. Mais là n’est pas l’essentiel. A regarder les chiffres, on se rend compte que les postes en pleine expansion dans l’industrie sont l’informatique, le marketing et, à un degré moindre, la communication. Ce sont donc les services qui se greffent autour des produits qui génèrent de l’emploi. D’ailleurs, même dans un secteur comme l’agro-alimentaire, les investissements immatériels comme le marketing, la publicité… sont supérieurs aux investissements matériels, depuis le début des années 90. Ce qui explique que seulement 10 % du prix final des produits alimentaires revienne aux agriculteurs et que le pilotage de la filière alimentaire soit de plus en plus réalisé en aval de la production.
Loin de moi, l’idée d’en revenir aux thèses de physiocrates qui considéraient que l’agriculture comme la seule activité source de richesses. Mais n’est-on pas aller trop loin dans la tertiarisation et l’immatérialité de l’économie ? D’ailleurs une économie peut-elle reposer uniquement sur les services ? Et puis, on ne semble plus faire la part des choses entre les besoins essentiels et ceux qui le sont moins. Il n’y a plus que les personnes en situation de grande précarité pour se rendre compte que se nourrir correctement, disposer d’un toit, avoir accès aux soins médicaux… est – oh combien – vital. Cela pose également le problème du partage du revenu. Est-il normal que, dans nos sociétés si sophistiquées, les producteurs des biens les plus essentiels soient si peu rémunérés et si mal considérés ? Pour prendre un exemple hors de l’agriculture, ce sont les cadres administratifs et financiers qui ont désormais le pouvoir dans les hôpitaux et non plus les médecins. Alors nous faudra-t-il un peu de frugalité pour redécouvrir l’essentiel !