Longtemps j’ai cru que la dimension communale était le lieu d’expression idéal de la démocratie et d’une certaine noblesse de la politique telle qu’on peut la lire dans La République de Platon ou la vivre dans ces petits cantons suisses où les citoyens se réunissent encore aujourd’hui périodiquement sur la place du village pour procéder à des votations à main levée. Longtemps j’ai cru que l’exception française, – 36 000 communes et plus de 500 000 conseillers municipaux -, était une richesse pour la démocratie locale. Hélas, à y regarder de plus près, j’ai l’impression que l’on s’éloigne de cette belle utopie. Exemple, dans mon village de moins de trois cent habitants, où une seule liste était en lice, la campagne s’est limitée à la distribution d’un seul bulletin, – quelle que soit la composition de la famille -, déposé négligemment dans les boîtes aux lettres, au milieu de tracts commerciaux vantant la lessive du supermarché voisin. On aurait pu s’attendre à ce que chaque électeur reçoive au moins un bulletin de vote, si possible dans une enveloppe, accompagné d’une lettre présentant même succinctement le bilan passé et exposant quelques projets pour les six années à venir. Cela donnait l’impression que la seule motivation des édiles était d’être élue ou réélue. Pour changer d’horizon, j’ai écouté le débat avant le deuxième tour entre les deux prétendantes à la mairie de Paris, espérant y trouver un peu plus d’élégance. Après tout deux femmes charmantes et intelligentes… mais qui, hélas, ont fait dans l’invective aussi bien que les hommes ! Même vue par le petit bout de la lorgnette, notre démocratie locale est bien malade. A Breny comme à Paris et même à Bordeaux, où le maire victorieux dès le premier tour, avec plus de 60 % des suffrages, n’est en fait élu que par un peu plus d’un tiers des inscrits. L’abstention, c’est la toise du bon fonctionnement, ou plutôt en la circonstance du mal fonctionnement de notre démocratie !